
Ils sont six à la tête de l’aventure, mais deux voix nous racontent aujourd’hui l’histoire. Celle de David Garcia et Simon Deharo, chercheurs devenus entrepreneurs, passionnés de génie civil, de chimie… et surtout, fascinés par un phénomène discret mais redoutable : la corrosion du béton.
Nous les avons rencontrés lors de la journée Launch Day organisée par Leonard, plateforme d’innovation du groupe Vinci. L’occasion de revenir sur une technologie encore méconnue, mais qui pourrait bien changer la donne pour des milliers d’ouvrages en France et ailleurs.
Une rencontre, une expertise commune, une obsession : comprendre la corrosion
Ils se connaissent depuis le lycée. Ont fait leurs études d’ingénieur ensemble. Réalisé leurs thèses dans le même laboratoire. Mais leur complémentarité va au-delà de l’amitié : là où David se spécialise dans le diagnostic des pathologies du béton, Simon se concentre sur les traitements. Ensemble, ils posent les bases de ce qui deviendra quelques années plus tard une startup industrielle à part : Bluespine.
Leur obsession commune ? La corrosion, principale cause de vieillissement prématuré des structures en béton armé. Un mal silencieux, souvent invisible, mais redoutable. Car une fois que les armatures commencent à rouiller, l’ouvrage perd brutalement sa résistance. La rupture peut être nette, sans signes avant-coureurs. Inutile de dire que les conséquences peuvent être dramatiques.
Du bureau d’études à la fabrication : la naissance de Bluespine
Au départ, David et Simon créent un bureau d’études. Ils réalisent des diagnostics d’ouvrages existants, préconisent des traitements, utilisent les outils du marché. Jusqu’au jour où l’évidence s’impose : pour aller plus loin, il faut créer leur propre matériel.
Ils rencontrent alors Guillaume, spécialiste de l’électronique embarquée. Et l’aventure industrielle démarre. Bluespine ne se contente plus d’analyser, elle fabrique ses propres automates de protection cathodique, pensés pour être accessibles, performants, intelligents.
La protection cathodique, version smart et modulaire
La protection cathodique n’est pas une invention récente. Elle consiste à envoyer un courant électrique vers les armatures d’un ouvrage pour stopper leur oxydation. Une méthode éprouvée, utilisée depuis des décennies, notamment dans les ouvrages sensibles.
Ce que Bluespine propose, c’est une version 2.0 : un boîtier intelligent, modulaire, capable d’ajuster automatiquement les intensités, de dialoguer avec des capteurs, et surtout, de s’adapter à n’importe quelle structure – du balcon d’immeuble à la centrale nucléaire.
C’est une révolution d’usage. Le matériel Bluespine intègre une couche logicielle embarquée et une plateforme connectée, capable de générer des rapports automatiques, d’ajuster les réglages et de faciliter les opérations de maintenance. Le tout, sans jamais compliquer la vie de l’entreprise qui installe ni du propriétaire qui pilote.
Montpellier : un premier chantier symbolique
Pour leur tout premier projet, Bluespine est retenue par la mairie de Montpellier. L’enjeu : restaurer un kiosque en béton armé situé sur l’Esplanade Charles-de-Gaulle, au cœur de la ville. Un site classé, au fort enjeu patrimonial et esthétique.
À l’origine, les travaux ne prévoyaient pas de traitement spécifique contre la corrosion. Mais après une expertise de l’équipe, la donne change. Les arguments techniques, la compatibilité esthétique du matériel, la possibilité d’assurer un suivi de long terme… tout cela convainc la maîtrise d’œuvre, la mairie, mais aussi l’architecte des Bâtiments de France. Résultat : l’installation d’un système de protection cathodique intelligent, premier du genre dans ce type de cadre.
Une technologie rendue visible par sa simplicité
Ce qui motive Bluespine, au fond, c’est rendre simple ce qui est compliqué. La corrosion du béton est un phénomène difficile à appréhender, à prédire, à traiter. Parce que chaque ouvrage est unique. Parce que les matériaux réagissent aux conditions climatiques, à l’humidité, à l’oxygène, au CO₂…
Mais c’est justement ce défi qui les passionne. Leur ambition : transformer des équipements longtemps perçus comme complexes, réservés à une élite technique, en solutions standardisées, fiables, accessibles.
Et derrière la technologie, une vraie vision : préserver les ouvrages plutôt que reconstruire, prolonger leur durée de vie, éviter les démolitions massives. Autrement dit, faire de la maintenance préventive intelligente, une réponse concrète aux enjeux environnementaux du BTP.
De la corrosion à la plateforme globale de diagnostic
L’avenir ? David et Simon le voient en grand. Bluespine veut devenir le guichet unique de la protection durable des ouvrages, en combinant produits et services, traitement curatif et prévention.
Cela passera par le développement de nouveaux capteurs, d’outils de détection en amont, voire par la diversification vers d’autres pathologies structurelles. Mais l’objectif reste le même : proposer aux propriétaires d’ouvrages une solution complète, de l’analyse à la surveillance longue durée, en passant par la fourniture d’équipements sur mesure.
Et si la corrosion reste aujourd’hui leur « alpha et oméga », comme ils le disent avec humour, il ne fait aucun doute que Bluespine est en train de bâtir bien plus qu’un outil. Une nouvelle approche, une nouvelle culture de l’entretien et de la durabilité dans les infrastructures en béton.
🎧 Écoutez l’épisode complet avec Bluespine sur Les Bâtisseurs :#31 Simon DEHARO & David Garcia - BLUE SPINE : Corrosion du béton : un enjeu structurel pour la durabilité des ouvrages | Les Bâtisseurs
📺 Découvrez l’interview en vidéo et entrez dans les coulisses de Bluespine : 🎥 Vodcast : Les Bâtisseurs au Launch Day de LEONARD avec David GARCIAet Simon DEHARO de BLUESPINE